lost for words - n.e

nom complet — Nelson ‘Nelly’ James Eisner. L’odeur nauséabonde qui fout le camp d’un coup de vaporisateur. Les racines qu’il réfute pour son beau mensonge. Eisner ça n’a jamais été qu’un ivrogne, doué à la carabine oui, mais un ivrogne qui a privé son fils unique de l’école publique. Nelson c’est ce grand gaillard qui crache ce qu’il entend de plus beau sans pouvoir lire deux phrases à la suite. Nelson comme son père, et son grand-père, il a toujours préféré se faire appeler Nelly pour pousser le parjure jusqu’aux oreilles de son paternel. James pour faire un peu près comme tout le monde. âge et lieu de naissance — On lui donnerait peut-être pas ses trente-six ans Nelson, d’ailleurs sa carte d’identité indique un pauvre 00 en guise d’anniversaire. Il le fête habituellement le 15 juillet mais son père a jamais jugé bon de lui constituer un certificat de naissance, ou un acte, ou alors il l’a perdu. Né entre deux terres, dans la caravane de son oncle Bob, probablement entre le Nevada et l’Arizona. nationalité et origines — Américain, pas qu’il soit une gloire à lui seul ou qu’il porte dans son cœur la bannière étoilée. Nelson il vit là où il se trouve en appréciant ce qu’il a sous la main. Il aime les États-Unis comme le puits de pétrole qu’il est. Quitte à être des parasites qu’on pointe du bout du doigt dans le centre-ville. Son père est originaire de Caroline du Sud, sa mère est un fantôme qu’il préfère ne pas évoquer. orientation sexuelle — Homosexuel. Sans crapahuter dehors pour agiter un drapeau arc-en-ciel, Nelson n’a jamais caché son désir pour ces mecs qui claironnent un peu trop près de son jean. Ni à son entourage et pas même à son père qui continue de le considérer comme une légende vivante, faut pas qu’il lui présente ses fréquentations, c’est tout. Sorte d’accord tacite qu’il a accepté après s’être pris une balle dans la main. statut civil — Quand on le voit pour la première fois, Nelson apparaît plus souvent comme un partenaire occasionnel de sexe plutôt qu’un partenaire de vie à part entière mais il est bien moins superficiel qu’il le laisse entendre à son boulot. Célibataire, il a toujours marché sur un tapis de ronces. Il finit toujours par tout foutre en l’air, d’une manière ou d’une autre, ça capote. Parce qu’il se sous-estime, secrètement, et qu’il garde pour amour que sa rancœur comme un lion aigri et fatigué. occupation — Agent de sécurité. Le costume noir qu’on n'aperçoit pas à l’entrée du hall d’Elegance. Le talkie sur l’épaule ou à la ceinture, le temps de parcourir l’immensité du bâtiment et de son parking. Il fait des kilomètres par jour Nelson, sans que ça intéresse personne parce que tout le monde se dit qu’il est payé à rien foutre. situation financière — La promotion s’échappe, à chaque fois, c’est comme s’il doutait de ses capacités tout en reconnaissant qu’il s’échine au travail comme un beau diable. C’est insultant. C’est insultant quand un de ces mecs entreprend de descendre de son étage pour lui demander de lui acheter le cadeau d’anniversaire de sa fille comme s’il était coursier. Nelson ne roule pas sur l’or, mais il s’en accommode. Il a jamais vécu dans l'opulence même s’il doit reconnaître que l’argent appelle l’argent. situation familiale — De sa famille il ne garde que la honte, le complexe, l’abandon de sa mère alors qu’il n’avait que six ans. Sa famille, elle avale les kilomètres de la côte est au Pacifique dans d’énormes caravanes qui défient le paysage et la gravité quand son père en est à son verre de trop. traits de caractère — Observateur, susceptible, complexé, menteur, envieux, aigri, casse-cou, accommodant, familier, accessible, simple, indépendant, spontané, intègre, scrupuleux. avatar — Boyd Holbrook. groupe — Tea.

QUELLES SONT VOS qualités DANS VOTRE TRAVAIL ? J’ai pas besoin de rendre un rapport financier en moins de vingt-quatre heures alors je suppose que ça fait de moi un privilégié de la boîte. Quelles qualités il faut pour être agent de sécurité ? Faut déjà pouvoir se plier aux horaires dégueulasses et pouvoir rappliquer au beau milieu de la nuit pour ces messieurs dames. J’ai l’oeil vif et j’suis réactif, j’pense que c’est pas mal ça comme qualités parce que si j’suis là, c’est bien pour gérer la sécurité et veiller à ce qu’il n’y ait aucun débordement. Il suffit d’un shoot avec un super star de la pop culture pour que le quartier s’enflamme alors. j’dirais qu’il faut être safe ou carrément reptilien sur les bords. On dirait pas comme ça mais garder son sang froid quand on se fait insulter, c’est pas évident. À mes dépends, j’ai aussi appris que j’devais apprendre à moins tirer la tronche dans les couloirs parce que ça peut empiéter sur la motivation des bureaux. Ça me fait marrer parce que j’ai rarement un bonjour quand je m’aventure au-delà du deuxième étage.  

---

ET QUELS SONT VOS défauts ? Si je dois foutre une patate je vais la mettre, point. Je vais pas donner 350 avertissements. Si le mec est là pour taper un scandale, il dégage. J’ai pas signé pour passer pour un abruti. Alors peut-être que j’suis trop impatient ou trop fier mais j’aime pas ça. C’est pas que je m’emporte c’est que je jauge jusqu’à un certain point. J’sais pas lire non plus, c’est pas fondamental mais quand il faut lire une note de service c’est plus délicat et ça a vite fait de me gonfler. J’prends le truc au (trop) sérieux, parce que c’est mieux que de voler des voitures. Alors je supporte pas le travail d’équipe, bosser deux fois plus pour la même paie. Ceux qui passent plus de temps à flirter avec les filles de l'accueil qu’à patrouiller sous la pluie devant l'entrée.

---

QUE PENSEZ-VOUS DE LA compétition ENTRE ELEGANCE ET COSMOPOLITE ? J’vois pas trop pourquoi ils se tirent dans les plumes parce que si Jeffrey s’est barré, c’est qu’il se faisait chier ici. S’il a décidé de fonder le Cosmopolite, c’est qu’il considérait qu’il lui manquait quelque chose auprès d'Elegance. Le mec est pas visionnaire, il fait avec l’image qu’il a lui d’un bon magazine. Il rajoute un tas d’articles, embauche à la pelle les journalistes ok. C’est pas la quantité qui fait la qualité, quand je vois tout ce qu’ils pondent en si peu de temps, moi, pour c’que j’en dis, c’est qu’ils doivent tourner à quelque chose de plus fort que le café. Ce qui m’emmerde, en revanche, c’est l’ambiance pesante qui règne dans les couloirs la veille de la sortie d’un nouveau numéro. Peut-être que c’est positif pour le magazine mais moi, ça m’intéresse pas de cracher sur un magazine qui sera passé de mode l’année prochaine.

---

A QUEL MAGAZINE VA VOTRE préférence ? C’est pas le genre de trucs qui me donne à réfléchir le matin ou le soir. Comme je dois rien au Cosmopolite j’irais plus vers l'Elegance si j’avais à choisir. Quant à mes goûts personnels, c’est pas comme si j’allais utiliser le support de mon employeur pour apprendre à déchiffrer le sens caché des mots. Je lis ni l’un ni l’autre, ni rien du tout et c’est très bien. J’pense pas non qu’ils fassent du Shakespeare alors je laisse aux lecteurs le soin de choisir.

(supprimez la question qui ne s'applique pas à votre groupe)