spleen et idéal —

nom complet — major, grande major, glorieuse major, terrible major. père qui dans un caprice fut contraint de lui offrir un semblant de masculinité, un surplus de grandeur militaire qu'elle n'aura jamais - qui une fois lié à welsh fait sens en un frisson, en une friction - une allumette qui craque. âge et lieu de naissance — 45 ans et la beauté qui se détériore, quelques sillons qui se creusent petit à petit, ne font qu'affirmer qu'elle avance dans le temps - ce qui a le don de tirer chez elle des frissons, une peur facile, une peur stupide, presque clichée mais qui convient à une époque où tout peut être modifié. major qui assume sans assumer - qui derrière un sourire se sent fleur fanée. elle qui est née à andover dans le minnesota, une ville à mi-perdue, une ville loin des buildings. nationalité et origines — américaine qui ne laisse présager d'autres origines. sa mère, une belle blonde aussi blanche qu'un lavabo, son père du même gabarit - avec des yeux sombres. les origines sont similaires au papier américaines, même si, il semblerait que d'un côté quelques branches allemandes se dessinent - elles sont cependant trop éloignées pour être importantes. orientation sexuelle — elle a le sourire qui diverge, elle a le coeur qui flanche, perd de sa cadence. face aux jolies filles et aux beaux garçons, elle aime sans compter, elle embrase sans penser - parsème de baisers, fait cambrer les dos dans soupir au goût de lune. statut civil — jamais mariée, jamais pendue à une appartenance quelconque, l'esprit libre et volage - voleur. aucun enfant ne vient jouer dans ses oreilles la mélodie de larmes de crocodiles. définitivement seule, fatalement vouée à ne laisser aucun héritage.  occupation — elle capture les âmes, elle dévore l'instant pour le rendre éternel, photographe aux images singulières, particulières, intangibles et criantes d'une vallée de l'étrange. on la présume artistique, elle fait juste selon - et s'amuse tant de gens que d'objets. sous le joug du cosmopolite depuis peu, elle y a posé ses bagages dans un souhait de simplicité - à ne savoir combien de temps ce désir durera cependant. situation financière — bien, plus que bien, ne souffre d'aucun manque ni ne se plaint de n'avoir assez pour s'acheter une paire de pompes affreuse. elle mange, elle boit, elle respire, elle se protège de l'hiver et du monde extérieur - elle est bien, major. situation familiale — de ses parents elle n'en garde qu'un lointain souvenir, ponctué d'appels et de retrouvailles pour les fêtes. du reste deux frères cadets alimentent sa vie. traits de caractère — pacifiste, idéaliste, imaginative, déterminée, vulgaire, angoissée, impulsive, paradoxalement calme, compatissante, discrète, nonchalante, épicurienne. avatar — sarah paulson. groupe — hot chocolate, sucré à outrance dans son insouciance.

QUELLES SONT VOS qualités DANS VOTRE TRAVAIL ? d'une patience sans bornes, sans doute est-ce ce qui fait d'elle une photographe appréciable - ou au moins tolérable. l'esprit toujours occupé à trouver une manière d'illuminer les visages, de rendre plus splendide encore le mannequin coupé par son viseur, elle cherche le détail, elle cherche la singularité. et dans cette singularité major évolue, sans se laisser déborder par ses quelques éclats qui souvent sont de trop et sortent du cadre. profondément pacifiste, qui recherche par le dialogue un moyen de trouver un accord, elle reste malléable, modifiable - à l'écoute.

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ET QUELS SONT VOS défauts ? peut-être un manque d'affirmation, peut-être cette manie silencieuse quand la douleur vient transpercer son coeur, peut-être tout simplement ses lèvres cousues quand il s'agit de se confesser. major qui dans toute sa grandeur préfère accorder son temps aux autres, plutôt que de déranger - il y a plus grave dira-t-elle, il y a même toujours plus grave. s'ajoute à ceci une certaine angoisse de vie, une angoisse de faire partie du monde qui paradoxalement l'a aussi poussé à partir de chez elle, à andover dans le minnesota. major qui en son âme et conscience ne sera jamais en paix, major dont la pensée se transforme, éclate parfois pour transpercer chaque pore de sa peau. major qui casse - s'égratigne.

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QUE PENSEZ-VOUS DE LA compétition ENTRE ELEGANCE ET COSMOPOLITE ? étrangement ridicule, amusante dans la forme - elle est la preuve qu'un rien suffit pour qu'une guerre éclate, pire encore qu'un désir de bataille au nom d'un dieu vengeur. alors elle en sourit, alors elle hausse les épaules, fait son travail comme on le lui demande - sans alimenter les tensions déjà bien trop présentes entre les deux empires.

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POURQUOI TRAVAILLEZ-VOUS POUR COSMOPOLITE ? parce que durant une seconde seulement, s'est mise à graviter dans son esprit un désir de se poser, de s'arrêter, de prendre enfin le contrepied de sa vie passée à tourner, tourner sur elle-même jusqu'à en vomir. elle reprend sens des réalités - une netteté particulière qu'elle voulait éviter. alors elle est venue, s'est faite embaucher - assez compétente pour convenir aux travaux d'un magazine. du reste, tant qu'elle peut payer son loyer, elle laisse les vipères s'empoisonner entre elles.

https://www.youtube.com/watch?v=5XgSowRymL0

- un jour tu grandiras major. et tu sauras. tu sauras ma fille que je fais tout ça pour toi. tu sauras que grâce à moi tu auras, tu auras plus que le monde, tu auras un boulot, tu auras la grandeur, tu auras la splendeur. un jour tu grandiras major. et tu sauras. tu sauras ma fille que je fais tout ça pour toi, que tu seras bonne femme pour un type qui gère une grande agence, que tu seras avocate ou médecin, que t'auras ta place dans le monde et que tu serviras. un jour tu grandiras major.
la gifle s'abat en fracas sur sa joue.
- va travailler tes mathématiques. et ravale tes larmes. t'es une grande fille.

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- je veux.
- tu veux ?
- je veux être comme un polaroid qui fond au soleil. je veux disparaître comme un tsunami qui ravage le monde entier. je veux être comme la poussière dans le rayon de soleil. je veux - je veux - être une particule. un morceau. une molécule. je veux partir. je veux éclater en million de morceaux.
- tu veux mourir ?
- non. vivre.

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- et je pars. je pars parce que tu sais j'ai pas le chic que tu me demandes, j'ai pas la finesse que tu voudrais, j'ai pas l'intelligence pour bien déchiffrer les différents muscles d'un corps mort. et je pars papa. et je pars maman. et je voudrais te dire que je t'ai aimé. je t'ai aimé comme on aime son sang, comme on aime ces différents moments, ta grosse main caleuse sur mon épaule, la tienne maman dans mes cheveux à les remettre derrière mes oreilles. et je voudrais te dire que je t'ai aimé. et toi aussi. et je pars parce que j'ai le drapeau du nouveau monde à planter dans les entrailles de la terre. et je pars parce que tes murs me tuent. et je pars, parce que tu t'es trompé.
sur moi.
sur nous.
je pars parce que je ne serais jamais qu'une fleur au fusil. qu'une balle à blanc dans ta guerre pour rentrer dans les rangs.
je serais cette pompe à ton cul pour t'en sortir.
je serais ta plus grande déception.
et je t'ai aimé, papa. et je t'ai aimé, maman.
et j'ai aimé l'allure de vos rires enrubannés dans de la soie bon marché.
silence. la porte claque.

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- new-york est laide.
elle tire sur sa cigarette.
- pourquoi tu dis ça ?
- parce que c'est le cas. new-york est laide, délavée, pue la pisse et le tabac au pétrole. new-york est moche, laisse des cadavres ici, ici puis là, abandonne ses gosses et se fout bien d'eux. new-york c'est une pute à dos de tigre.
elle rit.
- new-york est caractérielle, cynique, imbuvable, bipolaire. je l'aime, je crois.

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- elle est comment ?
- belle comme une vague. émouvante comme une catastrophe.

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vrac -- fumeuse, joueuse de ukulélé amatrice, propriétaire d'un chat de gouttière noir appelé hendrix, végétarienne depuis quelques années, n'hésite pas à demander dans la rue aux gens de poser pour elle, a pu par chance faire partie de quelques expositions, gribouilleuse des temps modernes elle ne se sépare jamais de son stylo pour noircir les pages de son carnet, se pense plus bouddhiste que catholique même si elle ne pratique aucune religion particulière, sujette au vertige, se ronge les ongles.