(( tes lèvres pourpres ))

(one) s'il y a bien une chose qui compte encore plus que le travail pour madeline, c'est bien sa famille. ils sont nombreux, ils sont bruyants, ils sont différents, ils se sont déjà tous engueulés, mais ils s'aiment. ils s'aiment vraiment et ils ne cesseront sans doute jamais de s'aimer. ils sont la seule raison pour laquelle elle a décidé de s'en sortir, pour laquelle elle essaye (vainement.) d'aller mieux. c'est pour eux que madeline est sortie de ce merdier, pour eux qu'elle continue chaque jour. elle ne sait pas où elle serait aujourd'hui sans eux, dans quel état elle serait. si elle serait encore là. et même si ça ne va pas, même si elle ne sait plus quoi faire, elle essaye. elle essaye vraiment. (two) ils se connaissaient depuis le lycée. mêmes cours, même cercle d'amis, ils n'ont pas tardé à se rapprocher, mais ont attendu quelques années avant de vraiment se lancer. leurs amis les trouvaient adorables ensemble, ils disaient qu'ils s'en doutaient depuis le début et que ça n'étonnait personne qu'ils soient ensemble. madeline y croyait. les premiers mois furent merveilleux, et malgré tout ce qui a pu se passer, elle trouve toujours des souvenirs heureux dans lesquels se perdre, même si ça lui fait mal aujourd'hui. (three) jamais elle ne s'en serait douté, mais tout a fini par changer. il a commencé à devenir un peu trop jaloux à son goût. il a commencé à s'énerver un peu trop vite. il a commencé à changer, trop vite pour que madeline puisse vraiment comprendre. de colérique il est vite devenu abusif et violent. maddy avait peur, maddy ne comprenait pas, maddy ne savait pas quoi faire. alors elle l'écoutait, maigre espoir qu'il finirait par se calmer. qu'il reprendrait ses esprits. elle ne sortait plus, ne voyait plus personne, excepté pour le travail. il la surveillée constamment et lui interdisait tout. elle n'était plus que l'ombre d'elle-même. se furent sans aucun doute les années les plus difficiles de sa vie, mais elle a finalement réussi à sortir de cette relation. avec des larmes, des cris, de la peur. aujourd'hui encore, elle ne s'en n'est pas réellement remise. elle n'accepte plus aucun rendez-vous, plus aucun numéro, plus rien. elle ne veut plus rien. (four) chez elle, il n'y a qu'une seule pièce. enfin, deux si on compte sa salle de bai, mais elle est pas bien importante, sa salle de bain. sa porte d'entrée est bleue. en bois bleu. ça lui plait, elle aime le bleu. elle irait pas jusqu'à dire que c'est sa couleur préférée parce qu'elle n'a pas réellement de couleur préférée ; elle aime toutes les couleurs. mais le bleu c'est joli. c'est apaisant, et elle en a bien besoin. face à sa porte d'entrée bleue, sur le mur opposé, un vieux meuble en bois qu'elle a retrouvé au grenier, chez ses parents. elle l'a de suite aimé. dessus un cactus, la seule plante qu'elle ait réussi à garder (les autres sont mortes, elle n'a jamais eu la main verte.) et une bougie à moitié fondue. une yankee candle, la serengeti sunset. elle change de senteur à chaque fois qu'elle en fini une, petite fantaisie qu'elle s'accorde dans sa pauvre vie. à côté de son meuble, une cheminée. blanche, toute simple, condamnée. elle a posé sa télé dessus, toute petite, vieille. elle ne s'en sert pas souvent, mais elle apprécie les quelques soirées qu'elle passe devant. en face, il y a son canapé, lui aussi elle l'a récupéré au grenier. il est jaune moutarde, assez vieux, et c'est loin d'être le plus beau des canapés mais elle l'aime, et puis il est foutrement confortable. il fait clic-clac et c'est plutôt une bonne chose quand on sait qu'elle n'a pas de lit (parce qu'un lit ne passait clairement pas dans la pièce.) devant, elle a mis deux petites tables basses, rondes, dépareillées. un sacré bordel dessus, du tabac, des briquets, des livres, des livres et des livres. des pinceaux, aussi. ses aquarelles, et puis des crayons de couleurs. les dernières photos qu'elle a prises. puis derrière, on trouve son semblant de cuisine. c'est petit, les meubles ne sont pas neufs mais elle s'en fiche. c'est son chez elle, son cocon et elle l'aime au moins autant que sa porte d'entrée en bois bleu. (five) la première fois qu'elle a vraiment réalisé qu'elle voulait devenir photographe, c'était devant un reportage avec son père. peu de temps après, il lui ramenait son vieil appareil photo argentique qui trainait au grenier depuis un bon bout de temps. elle en est de suite tombée amoureuse et elle l'a même encore aujourd'hui. elle l'utilise principalement quand elle part se promener dans new york et se sont toujours ses clichés préférés. (six) elle a été arrêtée une fois, adolescente, avec une bande de potes. elle n'a évidemment plus de casier judiciaire, mais elle a dû faire une cinquantaine d'heures de travaux d'intérêt généraux. rien de bien méchant, ils trouvaient simplement très amusant à l'époque de taguer les voitures des voisins, quand ils faisaient le mur tous ensemble. autant vous dire que papa et maman rosier lui rappellent encore aujourd'hui, aussi souvent qu'ils le peuvent. (seven) pour en revenir à la dure époque qu'est l'adolescence, celle de maddy fut quelque peu mouvementée. madeline à l'époque, c'était un garçon manqué. elle traînait qu'avec des garçons, sa petite bande, et c'était pas toujours des anges. ils ont jamais rien fait de bien méchant, mais il n'était pas rare qu'elle fasse le mur en pleine semaine pour aller à une soirée avec eux, ou un concert. il leur arrivait aussi de revendre de la weed histoire d'avoir un peu d'argent, un peu moins souvent de l'ecsta en festival. depuis maddy a pris en maturité et arrêté tous ses écarts, mais elle en a toujours de très bons souvenirs. (eight) étrangement, c'est une passionnée de mécanique. ça peut étonner quand on voit madeline, mais quand on grandi entourée de garçons, c'est le genre de chose qui arrive. les voitures, ce sont ses bébés. elle en prend aussi soin que de ses appareils photo. si elle n'avait pas autant voulu devenir photogrape, elle serait très certainement devenue mécano. réparer des voitures, des motos, ça l'apaise. malgré tout, maddy conduit comme un pied. ou plutôt, elle ne fait attention à rien et va bien trop vite pour que les gens qui sont avec elle dans la voiture soient rassurés. (nine) maddy ne se sépare jamais de deux choses ; son paquet de clopes et le bracelet en argent que son père lui a offert pour ses douze ans. elle en a des dizaines de bracelets, mais celui-ci est spécial. en souvenir de l'époque où tout allait encore bien. discret rappel qu'il l'aime, qu'il est là pour elle. et puis ses cigarettes. ses foutues clopes. papa se bat encore pour qu'elle arrête mais elle tient ça de sa mère, la clope toujours au bec, alors ça va être compliqué, il en est conscient. (vrac) terriblement allergique aux agrumes, il lui est impossible ne serait-ce que d'en toucher, sous peine d'avoir de nombreuses plaques partout sur le corps. autant vous dire qu'elle préfère éviter. // elle est incapable de faire un plat plus élaboré que des pâtes carbonara, elle prend donc souvent à manger à l'extérieur ou commande. // son minuscule appartement est rempli de ses photographies, dessins, peintures et autres délires artistiques qu'elle ait pu avoir. // quand elle est nerveuse, elle ne peut s'empêcher de jouer avec la bague que lui ont offert ses parents à sa remise de diplôme. // elle n'a eu son permis qu'après l'avoir passé trois fois. // suite à la dernière relation compliquée qu'elle a eu, il n'est pas rare que maddy ait des crises d'angoisse. // c'est une fille de la nuit. si elle le pouvait, elle passerait ses journées à dormir et ses nuits à se balader dans les rues de la ville, ou admirer la vue sur le toit de son immeuble. // la confiance, c'est un truc assez compliqué à gagner chez madeline. elle tuerait pour les gens qu'elle aime, mais pour qu'elle vous fasse confiance c'est toute une histoire. comment faire confiance à quelqu'un quand on a aucune confiance en soi ?