(( marlboro bled ))

nom complet — layla, c'est la nuit qui claque sur tes lèvres, layla la tempête, l'ouragan, la catastrophe naturelle. layla tu débordes de partout, de tous les côtés, on ne sait où te chercher. puis rosier, patronyme français qui pique comme les épines éponymes, que vous êtes tant à porter, à braver comme une couronne royale. âge et lieu de naissance — vingt-six, les chiffres grimpent déjà en flèche, grimpent déjà trop vite pour toi. tu voudrais que ça s'arrête. tu voudrais revenir à new york, un quinze juillet, le jours où t'es née, puis tout recommencer. nationalité et origines — franco-américaine, les deux passeports qu'on pose sur l'étagère comme un trophée. t'en es fière de tes origines, de la france du paternel, du pays que tu n'as vu que quelques fois mais que tu as immédiatement adoré. orientation sexuelle — bisexuelle assumée, une préférence nette pour les demoiselles, mais on dit pas non à un peu de virilité masculine en fin de soirée. layla, t'as le drapeau gay comme déco de ta chambre depuis tes quinze ans, tu t'es jamais posée de question, t'as jamais eu de mal à en parler. c'est une partie de ton identité, de qui tu es. statut civil — libre comme l'air, comme le vent, comme les quatre éléments. t'es pas faite pour les couples, layla, ça te réussit pas. l'idée de propriété tu l'aimes pas non plus, sous aucune de ses formes, et encore moins ici. toi, tu veux aimer le monde entier. mais récemment, c'est flora que t'aimes un peu plus. flora qui fait boum boum partout. occupation — journaliste chez elegance avec ses trois meilleures amies, les sections sexo et amour voient souvent ta plume débarquer. mais après des études de journaliste et de politique à l'université, c'est cosmopolite qui t'attire. son traitement de la politique, des médias. tu veux autre chose, layla. autre chose qu'un magazine purement féminin dont les codes, que tu commences à remettre en cause, t'agacent de plus en plus. situation financière — modeste, un salaire correct, une coloc abordable. assez pour les mojitos à cinq dollars tous les vendredis soirs, pas assez pour faire tous les voyages dont tu rêves, pas assez pour retourner voir la famille en france, pas assez pour aider tes parents, aider tes frangins. tu voudrais t'élever, layla. que le feu de tes entrailles brûle la hiérarchie pour qu'on puisse tout reconstruire et que tu puisses leur montrer à tous que t'es plus qu'une belle gueule. situation familiale — un bordel aimant. deux frères, trois soeurs, puis toi. y'a maddie, maddie qui bosse, qui bosse pour oublier. maddie c'est ta jumelle à un an près, c'est la fusion des âmes. y'a maxence, aussi, max c'est les cris, le feu, les caractères qui s'entrechoquent mais au fond, l'amour réciproque. y'a albane, y'a le frangin. puis surtout, y'a andy. andy, c'est la perle. andy, layla pourrait mourir pour elle. andy, c'est toute sa vie. sa soeur encore enfant, gamine à vingt-quatre ans, que tout le monde voudrait confiner, elle elle veut l'aider. la faire s'élever. lui rendre sa liberté. traits de caractère — tu bouges. tout le temps. hyperactivité à la con. elle se calme avec l'âge, ça va mieux maintenant. c'est plus les cris d'avant, les cours qu'on sèche, l'impossibilité de s'asseoir pendant une heure dans une salle de classe. désormais, c'est une impulsivité maladive. on réfléchira plus tard, on verra après. y'a ce besoin d'agir. là. tout de suite. alors layla, t'es aussi du bruit. beaucoup d'bruit. on crie, on gueule, on hurle, on rit, on sourit. tout fait du son. du décibel en balle pour une gamine difficile. mais c'est la loyauté qui té définit. tout pour tes proches, tout pour les rosier, pour les amis, pour les gens. on trahit pas, jamais. on pardonne pas, non plus. rancunière comme jamais. jalousie qu'on cache parce qu'on réalise que c'est n'importe quoi. que faut arrêter. puis pour finir, le combat. activiste layla, la manif profite de tes slogans rageux. elle veut sauver tout le monde, layla, parce que tout le monde a le droit à une chance, aux mêmes chances que ceux tout en haut qui contemplent votre monde de leur piédestal. avatar — dua lipa. groupe — tea.

QUELLES SONT VOS qualités DANS VOTRE TRAVAIL ? (question générale) la passion qui domine, l'écriture qui prend le lecteur aux tripes. layla quand le sujet lui plaît, on ne l'arrête plus, elle se perd dans ses propres dédales pour pondre un article qui illumine. puis le rire, parler de l'amour et du sexe avec décontraction, glisser des remarques par-ci, par-là, du sarcasme en coin. faire des mots sa marque de fabrique pour amuser, divertir le lecteur. puis c'est layla l'altruiste, qui donne ses astuces aux nouveaux, qui aide ses collègues. et c'est pas grave s'il faut rester une heure de plus au bureau si riley est dans la merde, si stella a besoin d'aide. faut s'aider, à la rédac.

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ET QUELS SONT VOS défauts ? (question générale) les deadlines qu'on a du mal à respecter, layla éternelle retardataire. mais c'est promis, elle fait des efforts. c'est promis, elle fait de son mieux. puis la distraction constante, héritière de l'hyperactivité enfantine ; il suffit d'un bout de papier vierge pour qu'elle gribouille et qu'elle en oublie ses articles. enfin, impulsive qui ne se contrôle pas, elle a déjà réussi à casser un des ordi de la boîte, à insulter un mec aux propos sexistes qu'elle devait interviewé. layla, c'est le sang qui bouillonne, c'est les procès qui sont déjà tombés parce que ouais, l'envoyer interviewer des misogynes, c'est pas la meilleure des idées.

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QUE PENSEZ-VOUS DE LA compétition ENTRE ELEGANCE ET COSMOPOLITE ? (question générale) les rubriques d'elegance commencent à l'agacer, à layla. elle voudrait du plus sérieux, du moins féminin. elle voudrait qu'elegance et cosmopolite s'allient, qu'elle puisse continuer à écrire sexo et commencer à traiter politique. layla voudrait l'union des deux. d'un point de vue égoïste, déjà, pour traiter de sujets plus sérieux. d'un point de vue collectif, aussi, parce que l'atmosphère ambiante n'est plus très chaleureuse, et layla, ça l'agace.

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POURQUOI TRAVAILLEZ-VOUS POUR ELEGANCE ? (question uniquement pour les journalistes, veuillez supprimer le magazine pour lequel votre personnage ne travaille pas) parce que girl issues avait été repéré par un mec d'elegance, à la base et que bloom, stella, flora et layla avaient débarqués, il y a quelques années déjà, confiantes en l'avenir, soudées comme tout, dans le magazine. mais les choses changent. entre stella et bloom, layla craint la rupture. entre elle et flora, tout se tend parce que les sentiments prennent le dessus. alors elegance, qui représentait à une époque la perspective de travailler avec ses meilleures amies, devient désormais un boulot par défaut. un boulot où elle se trouve passive, où elle commence à s'ennuyer.

le tsunami. la tempête. l'ouragan. l'incendie. le cyclone. le tremblement de terre. les quatre éléments qui se bousculent dans ton corps mince pour créer catastrophe naturelle sur catastrophe naturelle. les quatre éléments qui s'allient pour créer un matériau à part, un truc qu'on n'voit que dans les livres, une gamine enragée qui lutte et qui crie. qui crie plus fort que tous, qui porte sa voix dans tous les recoins du monde, qui donne sans recevoir, qui jette billets par la fenêtre en les faisant retomber dans des associations, qui jette les maigres revenus qu'on gagne quand on est une femme pour ceux qui en ont un peu plus besoin.

le feu. la rage. les manifs qu'on fait, un foulard devant la bouche, devant la gorge, devant la gueule. afficher un drapeau gay sur le mur de sa chambre à quinze ans, quand le collège tout entier rit encore devant le mec un peu efféminé. gifler celle qui l'a insulté. se faire punir. parce que la violence c'est mal, ils disent. mais l'homophobie, ça, ils regardent pas. alors devenir présidente de l'assoc lgbt du lycée, sécher les cours que de toute manière on arrive pas à écouter sans bouger, sans parler, sans exister, pour allumer un joint devant le lycée et coller des affiches sur les murs qui dénoncent les méfaits de la classe embourgeoisée. le feu dans la gorge, le feu dans les tripes, le feu dans les veines. se battre pour les minorités, arrêter de manger ce qui vient des animaux, arrêter de manger la torture humaine, se faire embarquer au poste quand les copains se faire caillasser par les flics. puis se calmer. laisser retomber la flamme. devenir adulte, pas à pas.

l'eau. grandir. évoluer. passer d'un état gazeux à un état liquide. devenir la flaque de l'université, celle qui éclabousse les passants muets, celle qui dérange les élites un peu trop friquées. trouver ses potes, trouver celles avec qui on va rester. les atomes aquatiques qui se lient entre eux, puis vloguer sur la vie, faire des articles à la con pour au final se faire repérer. finir des études de politique et de journalisme qu'on n'sait toujours pas pourquoi on a commencé, qu'on n'sait toujours pas comment on a réussi à finir. mais on tient en cours, maintenant. plus besoin de cachets. la rage est sourde, muette, contenue, organisée. la rage n'est pas calme, elle vit toujours. mais elle mûrit. elle apprend à se défendre, elle attend de frapper. alors on tire sur la clope qui nous quitte jamais et on s'barre des sales de classes pour prendre une coloc à new york, revenir chez soi, sur ses terres.

la terre. elegance comme une évidence. la rubrique sexo et la rubrique amour se disputent une grande gamine un peu trop bruyante. elle casse l'imprimante qui avait décidé d'arrêter de marcher le jour d'une réunion importante. elle insulte le mec qui ose lui dire que le wage gap se justifie. sous micro sous caméra sous l'oeil de tous, elle lui colle une gifle. et le procès qui démarre mais on garde le cap, on garde le poste. les mots trop précieux pour qu'on les laisse s'en aller. on murmure qu'elle grimpera les échelons, malgré les retards et l'assiduité à revoir parce que y'a quelque chose chez la gamine qu'on retrouve pas souvent. peut-être c'est l'affirmation des convictions, la tendance à l'agression, l'impulsivité que nul sauf les rosier ne sait contrôler. peut-être que c'est parce que la fratrie est déjà trop implantée au sein de la rédac. qu'on n'oserait se séparer de layla rosier, qui paye les coups au service dès qu'elle a la moindre augmentation, qui offre des fleurs à riley comme symbole de bonne journée, qui est collée au siège de stella plus qu'au sien, et au diable la pause café avec le manager qu'on a loupé. la terre prend forme. la vie devient stable, on enfonce ses pieds dedans et on sait qu'ils peuvent y rester. on sait que quelque part, on a un truc qui bougera pas. qui restera là, à nous attendre.

l'air. on abandonne rien. jamais. alors la liberté elle est placardée dans la tête comme l'idéal suprême. la tienne, celle des autres. alors même si faudrait changer, faudrait arrêter de gâcher sa propre vie pour des futilités, arrêter de crier et d'laisser max en lambeaux, arrêter de jalouser et perdre major, ses photos, ses baisers. arrêter de tomber sur les mauvaises personnes, de regarder flora comme ça, d'une manière qu'on devrait pas. on devrait pas regarder ses amies comme ça mais parfois c'est trop dur. parce que l'air virevolte, l'air ne contrôle rien, et encore moins ses propres réactions. alors on serre les dents et on évite d'y penser. on s'dit que demain tout ira mieux. et demain on prendra andy dans un voyage intergalactique où elle renouera avec la vie, demain on boira trois shots de tequila avec joana en riant aux éclats. demain est un autre jour. demain on avisera.